+5NoobzRlegendDemon2ShonanKaiganLinkyoRyuji'9 participants Ryuji' âą ArtBonjour Ă tous !Voici maintenant environ trois ans que j'ai commencĂ© Ă faire mes premiers pas dans le domaine du graphisme. J'ai, comme Ă peu prĂ©s tout le monde, commencĂ© avec des signatures petit format donc. Quelques banniĂšres par ci par lĂ . J'ai poursuit dans le domaine. J'ai ensuite lĂąchĂ© prise et fait une pause d'Ă peu prĂ©s un an. Et lĂ depuis quelques mois, je commence Ă reprendre un petit peu. Je me rĂ©habitue Ă Photoshop, essaye dâapprofondir certaines techniques, en dĂ©couvrir d'autre. Tout ceci afin de m'amĂ©liorer. C'est en parti pour ça que je me suis joins Ă vous. Bref, je vais vous montrer maintenant ce que j'ai pu rĂ©alisĂ© jusque lĂ . Je ne vous montres pas tout bien Ă©videment, ça ferait trop de signature. Juste une sĂ©lection de ce que j'ai pu rĂ©aliser Ă mes dĂ©buts. Une autre sur ce que je fais depuis que j'ai repris. J'ai fait Ă©galement quelques photomanip' sur du plus grands format que je vous montrerez un peu plus jâespĂšre que ça vous plaira, mĂȘme si je suis bien conscient que c'est loin dâĂȘtre du grand art. xJe suis bien Ă©videmment ouvert Ă toute critique pouvant m'aider Ă progresser donc surtout, n'hĂ©sitez pas !! Re Ryuji' âą Art par Linkyo 10/5/2011, 2249C'est pas mal, mais ça reste trop plat et trop basique. Toutefois, on remarque une nette amĂ©lioration entre 2009-2010 et 2010-2011. Poursuit sur ta lancĂ©e, t'es bien de lire quelques tutos pour assimiler d'autres techniques, et ton niveau augmentera rapidement Re Ryuji' âą Art par Kaigan 11/5/2011, 0314C'est vraiment pas mal du tout! ^^Comme l'a dit Linkyo, c'est encore trop basique, mais en mĂȘme temps, j'ai vu bien pire, et ce que tu fais n'est pas du tout dĂ©sagrĂ©able pour les quelques tutos et plus de pratique, je suis sĂ»re que tu seras trĂšs bon. Re Ryuji' âą Art par Ryuji' 11/5/2011, 1203Merci Ă vous, j'irais voir la section tuto de plus prĂȘt. En attendant, voici quelques crĂ©ations sur du plus grands format, assez rĂ©centes celles-ci. Avec un wall pour mon bureau, ainsi qu'un autre sur le thĂšme de la "fuite du temps", que j'avais Ă faire pour le français sĂ©quence sur la poĂ©sie, bref... je vous Ă©pargne les dĂ©tails. ^^. Cliquez sur l'image pour voir ça de plus prĂȘt. J'aimerais bien m'amĂ©liorer Ă©galement dans ce domaine lĂ principalement. Donc si vous avez des conseilles surtout, n'hĂ©sitez pas. Enjoy ! Re Ryuji' âą Art par Kaigan 11/5/2011, 1538J'aime beaucoup le wall pour ton bureau. Les couleurs me plaisent, les effets sont intĂ©ressants, et l'ensemble est original. Pour ton LP sur la fuite du temps, la rĂ©alisation n'est pas mal, mĂȘme si ça manque un peu de maĂźtrise. Les couleurs s'harmonisent bien, l'idĂ©e est sympa... J'aurais mis la disposition des mots sur le parchemin un peu diffĂ©remment parce que ça fait un peu brouillon, ou dĂ©sĂ©quilibrĂ©, mais sinon ce n'est pas si gĂȘnant que ça. Continues ^^ Re Ryuji' âą Art par Linkyo 11/5/2011, 1610Rien Ă redire sur le wall Vaio, j'aime beaucoup !Sur l'autre, le principal problĂšme est le fait que ton sable n'est pas du tout rĂ©aliste / Pour le reste, je rejoins Kaigan Re Ryuji' âą Art par Ryuji' 12/5/2011, 1914Merci Ă vous, ça fait plaisir ! =Oui en effet, problĂšme au niveau de la maitrise. Ce qui amĂšne ce sable non rĂ©aliste. x JâespĂšre que ça viendra avec la pratique et quelques parlant de tutoriels, je ne comprend pas pourquoi on n'y a pas accĂ©s moi personnellement ?! J'ai un message qui intervient quand j'essaye de rentrer dans la sections DĂ©solĂ©, mais seuls les utilisateurs avec un accĂšs spĂ©cial peuvent lire des sujets dans ce forum. Un peu gĂȘnant... ^^Bref, en attendant les prochaines, je vous mets une signatures sur Killzone 3 que j'avais faites il y a deux ou trois mois. C'Ă©tait juste Ă la reprise des activitĂ©s, histoire de se remettre en jambe. Re Ryuji' âą Art par Ryuji' 25/5/2011, 1804Yop, un petite avatar Sur fond noir que la transparence ne marche pas quand je le met en avatar ? Car j'ai fait une version sur fond transparent en png. seulement ça ne marche pas, il apparait sur fond signature qui va avec devrait arriver bientĂŽt. ^^ Re Ryuji' âą Art par Kaigan 25/5/2011, 1825Hum non, en thĂ©orie ce n'est pas normal. Tu es supposĂ© pouvoir mettre de la transparence en avatar aussi par exemple, l'avatar de grenouille de Karkasu. La seule chose que je vois, c'est que ton avatar est Ă l'origine trop grand. J'ai remarquĂ© que l'hĂ©bergeur par dĂ©faut des forums modifie en .jpeg les formats .png quand la taille de lui convient pas. RĂ©essaie en le mettant plus petit pour voir... Re Ryuji' âą Art par NoobzRlegend 26/5/2011, 1435Le problĂšme est encore plus simple, mĂȘme l'image que tu as enregistrĂ© sur casimages est en .jpeg XD Re Ryuji' âą Art par phelan's short 26/5/2011, 1441NoobzRlegend a Ă©critLe problĂšme est encore plus simple, mĂȘme l'image que tu as enregistrĂ© sur casimages est en .jpeg XDthink you got it wrong. la version qu'il poste ici est exprĂšs en jpg sur fond noir. il a dĂ©jĂ essayĂ© en png, ca lui mettait un fond blanc, il a prĂ©fĂ©rĂ©, par dĂ©faut, le mettre en noir du j'en sais rien moi 'D Re Ryuji' âą Art par Ryuji' 26/5/2011, 2045+1 phelan's ! pC'est volontaire ce format Jpeg avec un fond noir. x Vu qu'en png j'avais le droit Ă du fond blanc. Peut-ĂȘtre que c'est ça Kaigan, la dimension en effet, je vais aller voir Ă©dition par Ryuji' le 19/6/2011, 1614, Ă©ditĂ© 1 fois Re Ryuji' âą Art par Ryuji' 19/6/2011, 1613Bon, aprĂšs quelques jours d'inactivitĂ© rĂ©vision oblige, je reviens un peu avec quelques petites crĂ©ations. Alors, ça varie. Signature complĂ©tant mon avatar ainsi que background you tube. Je vous laisses voir ça Enjoy ! Re Ryuji' âą Art par Kaigan 19/6/2011, 1806Sympa la sign, j'aime bien ce style. Je trouve juste dommage que ta typo ne ressorte pas un peu plus. Tu as des lignes plus foncĂ©es Ă gauche, tu aurais pu aussi mettre la typo plus foncĂ©e sans gĂącher le style je pense ^^Pour le fond youtube j'aime bien le bas, l'idĂ©e est bonne. Ce que je n'aime pas trop c'est les petites images Ă©parpillĂ©es en haut, mais peut-ĂȘtre que rempli, on ne remarquera pas trop. Re Ryuji' âą Art par Ryuji' 14/7/2011, 1812Nouvelle crĂ©ation pour la SOTW Ăa fait un moment que j'avais trouver le stock et que j'avais en tĂȘte de faire un fond un peu dans ce genre. Ăa aurait pu ĂȘtre mieux rĂ©alisĂ©, mais Ă vrai dire j'ai fait ça un peu Ă la va-vite sans vraiment prendre mon temps. J'ai profiter de l'occasion Sotw sans C4D pour la faire donc. Enjoy !Kaigan Oui c'est vrai que le trait noir sur le cĂŽtĂ© et un peu trop voyant et gĂąche un peu le tout. Et pour le fond you tube et les images Ă©parpillĂ©es, c'est voulu. C'est quand ce sera en background de la chaine qui ça aura son importance. ^^ Merci Ă toi de ton passage ^^ Re Ryuji' âą Art par Kaigan 14/7/2011, 1942Ta nouvelle sign est bien, mĂȘme si je n'aime pas trop la typo. Par contre elle est un peu vide et il manque de lumiĂšre pour render l'Ă©clairage du render la sign que tu portes en ce moment, je ne crois pas que ce soit le trait noir qui gĂąche le tout, mais plutĂŽt le fait que tout le reste soit trop pĂąle. L'inverse donc x Re Ryuji' âą Art par KiOzAm 14/7/2011, 2044Vraiment je pense qu'une petite lumiĂšre ici ne serait pas de trop je pense, pour faire une continuitĂ© du render J'sais pas si sa se dit Mais bon Re Ryuji' âą Art par Ryuji' 29/7/2011, 1830Merci Ă vous pour vos commentaires ! Mon LP pour le duel A noter que le vert sur le rendu est beaucoup moins flashi normalement. Il est plus Ă l'image de la miniature en fait. Permission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum
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Lâillusion est une des composantes de base des arts plastiques. Lâartiste plasticien donne Ă voir une interprĂ©tation, une reprĂ©sentation mais aussi une reproduction du monde. Son travail est de remettre en cause la rĂ©alitĂ©, quâelle soit esthĂ©tique, politique ou sociale et pour cela, lâartiste a besoin de lâillusion comme technique ou comme fin pour rĂ©tablir les non-vĂ©ritĂ©s tenues pour des vĂ©ritĂ©s », pour reprendre Friedrich Nietzsche. Les principes de re-prĂ©sentations » utilisĂ©s par lâartiste reconstruisent une certaine rĂ©alitĂ© quâil tend Ă imiter, Ă transposer ou Ă transformer en donnant Ă lâĆuvre le sentiment du vrai pour susciter lâadhĂ©sion du regardeur. Peintres, sculpteurs, dessinateurs, photographes, vidĂ©astes, designers et architectes utilisent tous de façon directe ou dĂ©tournĂ©e lâartifice dans leur travail, quelque soit le medium utilisĂ©. Par des techniques appropriĂ©es, ils parviennent Ă donner le sentiment du rĂ©el ou du vrai. Le peintre donne lâillusion de la rĂ©alitĂ© par le travail des couleurs quand le sculpteur, lui, donne lâillusion du mouvement et de la vie par le modelĂ© de la matiĂšre. Auguste Rodin, Le baiser 1881-1882. Lâillusion de la vie sâobtient dans notre art par le bon modelĂ© et par le mouvement » Auguste Rodin Certains plasticiens utilisent consciemment la spĂ©cificitĂ© illusoire de leur art pour donner Ă leur Ćuvre une profondeur particuliĂšre qui touche Ă la perception mĂȘme du regardeur, pour lui garantir une expĂ©rience inĂ©dite dans son rapport Ă la rĂ©alitĂ©. Comme dâhabiles prestidigitateurs, ces artistes manient Ă la perfection les techniques du trompe-lâĆil, des illusions dâoptique, des images ambiguĂ«s, des effets cinĂ©tiques et autres jeux de miroirs. Philippe Mercier, LâEscamoteur 1725. Tout ce qui trompe ensorcĂšle » dixit Platon. Au-delĂ de la tromperie premiĂšre que provoque lâutilisation dâillusions, ces simulacres ont pour but de dĂ©router, de faire vaciller les sens et la raison pour voir le monde diffĂ©remment et remettre en cause certaines certitudes Ă©tablies⊠Il y a ici une parentĂ© Ă©vidente entre lâartiste et lâillusionniste qui sont, tous les deux, les artisans de la construction de perception qui provoque lâillusion dans lâesprit du spectateur. Lâeffet magique est comparable Ă un trompe-lâĆil en peinture ; ce sont des tours dâesprit. Comme le dit si bien Paul Virilio Le monde de la magie est une illusion et lâart est de prĂ©senter lâillusion du monde. » De la prĂ©histoire Ă nos jours, les arts plastiques se sont dĂ©veloppĂ©s sur certaines formes dâartifices, des moyens dâexpressions directs et souvent visuels pour rĂ©interprĂ©ter le monde. Cette petite rĂ©trospective, loin dâĂȘtre exhaustive, propose un aperçu des principaux mouvements et des artistes majeurs ayant utilisĂ©s des outils illusoires. Lâart pariĂ©tal La peinture, la gravure et la sculpture prĂ©historique naissent et sâexpriment au PalĂ©olithique, dans les profondeurs des cavernes. Ainsi apparaissent les premiĂšres oeuvres oĂč domine la faune reprĂ©sentĂ©e par des mammouths, bisons, chevaux, cerfs ou bouquetins aux proportions justes et dĂ©taillĂ©es. Des traces qui laissent Ă interprĂ©tations oĂč se dĂ©veloppe une approche structuraliste organisĂ©e comme un message symbolique global, ou bien une approche chamanique oĂč les cavernes sont comparables Ă des sanctuaires religieux. Les artistes palĂ©olithiques utilisaient frĂ©quemment et judicieusement le relief naturel des parois fissures, renflements⊠pour donner Ă leurs Ćuvres une consistance et une illusion de vie spectaculaires. Grotte Chauvet, Lionnes. Lâexploitation des reliefs naturels est attestĂ©e dans toutes les rĂ©gions et dans toutes les pĂ©riodes du palĂ©olithique supĂ©rieur et se rencontre dans toutes les espĂšces de figures animales ou humaines. Cette pratique sâamplifie pendant le MagdalĂ©nien et correspond Ă une recherche du volume. Il y a une volontĂ© dâĂ©tablir un lien avec le milieu naturel dans un rapport symbolique. Figuration fictive dâun cheval utilisant la morphologie de la paroi et ses reliefs. Dessin de J. Brot extrait du mĂ©moire de Jean Brot, Lâutilisation des reliefs naturels dans lâart gravĂ© et sculptĂ© pariĂ©tal du PalĂ©olithique supĂ©rieur français Dijon, 2015. Dans lâexemple du cheval, le volume ventral de la reprĂ©sentation sâappuie sur une convexitĂ© verticale et horizontale de la paroi. La croupe est calĂ©e sur un plus petit relief dont elle Ă©pouse la forme. La jambe antĂ©rieure gauche borde une dĂ©pression, ce qui lui donne du relief. Il en est de mĂȘme pour la zone gorge-ganache. Enfin, une autre dĂ©pression ou cupule prend la place du sabot postĂ©rieur droit. Ainsi, cette reprĂ©sentation trouve ses dimensions en fonction de la distance sĂ©parant les diffĂ©rents reliefs entrant dans sa composition. La restitution de la 3Ăšme dimension est obtenue par soustraction de matiĂšre Ă lâaide du creusement du contour qui est ensuite modelĂ© en fonction de lâeffet souhaitĂ©. Lâart grec Contrairement aux Ă©gyptiens qui ne cherchaient pas Ă provoquer lâillusion de la profondeur et de lâespace mais plutĂŽt Ă rendre compte de la clartĂ© des choses, Le peuple grec a dĂ©veloppĂ© le concept de mimesis qui consiste en un processus dâimitation et donc dâĂ©tude de la nature afin de la reprĂ©senter au mieux et de donner lâillusion que les Ćuvres dâart ont une existence. Un concept qui annoncera tout lâart occidental jusquâaux impressionnistes. La mimĂ©sis connut un cĂ©lĂšbre dĂ©tracteur nommĂ© Platon. Pour lui, le monde visible est dĂ©jĂ une pĂąle copie du monde intelligible vers lequel il faut sâĂ©lever. La volontĂ© de copier Ă lâidentique sur une toile ou dans une sculpture ce monde imparfait, nâest autre quâune nouvelle falsification encore plus vulgaire. Pour Platon, câest la preuve que lâesprit humain vit dans lâillusion, mais quâen plus il sây conforte et appelle cela de lâart. Quel but se propose la peinture relativement Ă chaque objet. Est-ce de reprĂ©senter ce qui est tel quâil est, ou ce quâil paraĂźt tel quâil paraĂźt ; est-ce lâimitation de lâapparence ou de la rĂ©alitĂ© ? » Platon, La RĂ©publique pages 389-369. Platon prĂ©fĂ©rait les images Ă©gyptiennes, schĂ©matisĂ©es par notre esprit et donc plus proche des concepts et des idĂ©es intelligibles. Ces images se voulant informatives nâavaient aucune prĂ©tention Ă copier le rĂ©el, mais plutĂŽt de le signifier, de le suggĂ©rer pour que cette derniĂšre se matĂ©rialise en concept dans lâesprit des regardeurs. Vase grec, Hercule combattant le gĂ©ant. MosaĂŻque grecque de La Chasse au lion. DĂ©tail du visage dâHĂ©phaĂŻstos. MusĂ©e archĂ©ologique Palais de Pella entre 330 et 310 av. Quoi quâil en soit, les grecs ont conçu et rĂ©alisĂ© les cryptogrammes significatifs des formes en relief, diffĂ©rents des silhouettes aplaties, par lâutilisation dâun code Ă trois tons pour le modelĂ© de la lumiĂšre et des ombres. Un rapport de contrastes essentiel pour donner une impression de dĂ©tachement illusoire que lâon retrouve sur les vases et autre amphore de lâĂ©poque. Ce cryptogramme se retrouve Ă©galement dans la technique des mosaĂŻques oĂč lâartifice des quatre gradations » suggĂšre une forme dans lâespace souvent en trompe-lâĆil. Le trompe-lâĆil qui est pour la premiĂšre fois citĂ© dans la GrĂšce antique par Pline lâAncien qui rapporte que Zeuxis avait peint des grappes de raisin dâune telle vraisemblance que les oiseaux se jetaient dessus pour tenter de les picorer. Cette anecdote, restĂ©e cĂ©lĂšbre, rĂ©sume toute lâintelligence dâun art de la dĂ©lectation et de la duperie, qui bluffe Ă la fois le regard et lâesprit car le trompe-lâĆil est avant tout une gĂ©omĂ©trie de la pensĂ©e. Le ParthĂ©non de lâacropole dâAthĂšnes, construit de 447 Ă 432 av. dâaprĂšs les plans des architectes Ictinos, CallicratĂšs et Phidias utilise Ă©galement le trompe-lâĆil » par souci dâĂ©quilibre et de proportions, afin de rectifier les dĂ©formations dues Ă une vision non frontale de lâĂ©difice et le rendre le plus parfait possible. Sa structure est convexe, et ses colonnes sont lĂ©gĂšrement bombĂ©es et ont Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement inclinĂ©es vers lâintĂ©rieur de la construction pour paraĂźtre droite. Afin de paraĂźtre Ă©quidistantes, dâautres colonnes Ă©taient inĂ©galement espacĂ©es. Le socle, les marches et le fronton sont convexes. De plus, les colonnes dâangle ont un diamĂštre plus important pour ne pas paraĂźtre plus petites. Sachant que les longues lignes horizontales semblent sâarquer, bien quâelles soient parfaitement droites, les architectes ont courbĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment des Ă©lĂ©ments horizontaux et ont grossi » les colonnes au centre pour compenser les irrĂ©gularitĂ©s de lâĆil humain. Cet Ă©paississement au centre donne lâimpression que les colonnes ploient un peu sous le poids du toit, rendant le temple moins statique, plus dynamique. Bien que les lignes et les distances du ParthĂ©non semblent droites et Ă©gales, la gĂ©omĂ©trie a Ă©tĂ© modifiĂ©e pour crĂ©er cette illusion. On dit que dans cet Ă©difice rien nâest ce quâil semble ĂȘtre ». Lâart romain La peinture de lâAntiquitĂ© grecque et romaine est moins connue que la sculpture et lâarchitecture car il en reste trĂšs peu. Nous en avons de trĂšs beaux restes avec les peintures murales de PompĂ©i, ensevelies par lâĂ©ruption du VĂ©suve en 79 aprĂšs Le IIe style pompĂ©ien 80 av. â 20 av. est le plus illusionniste et relĂšve dâune grande sophistication, avec ses scĂšnes théùtrales, ses Ă©lĂ©ments architecturaux en perspective, ses trompe-lâĆil et ses mĂ©galographies peintures panoramiques fantaisistes. Les stucs sont abandonnĂ©s au profit des seules surfaces peintes. On y retrouve des scĂšnes figuratives tout en Ă©tant irrĂ©alistes, des fausses architectures, des jardins Ă la nature recomposĂ©e, des tableaux intĂ©grĂ©s dans le tableau, des peintures imitant une peinture. Dans cet art total, la mise en abyme est constante. Le IVe style pompĂ©ien Ă partir de 62 ap. le dernier et le plus rĂ©pandu, est une synthĂšse baroque » des trois styles prĂ©cĂ©dents qui reprend les procĂ©dĂ©s illusionnistes, les architectures fantaisistes et les Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs. Lâart du théùtre, trĂšs dĂ©veloppĂ© dans la Rome antique, fera Ă©galement appel aux peintres pour rĂ©aliser des dĂ©cors. Lâinfluence théùtrale va faire progresser cette peinture dans la reprĂ©sentation de lâespace. Pour crĂ©er lâillusion de la troisiĂšme dimension le volume et la profondeur, les peintres fresquistes romains utilisent la technique de la perspective linĂ©aire. Pour rendre le volume des corps et des objets, ils utilisent le modelĂ© de tons ». Par ces procĂ©dĂ©s, lâartiste romain cherchait Ă rendre lâillusion que le mur nâexiste pas ; des espaces ouverts sur lâextĂ©rieur par des fenĂȘtres » ou des murs percĂ©s ». Cet illusionnisme romain » utilisait Ă©galement le trompe-lâĆil pour imiter diffĂ©rentes matiĂšres ou de revĂȘtements comme le marbre. Les artisans mosaĂŻstes seront Ă©galement friands de ce procĂ©dĂ©. Le trompe-lâĆil trouve son origine dans les fresques et mosaĂŻques antiques. Le rĂ©cit le plus ancien qui marque le dĂ©but du trompe-lâĆil est celui de lâĂ©crivain romain Pline lâAncien 23-79 aprĂšs Il rapporte dans son Histoire naturelle comment le peintre grecque Zeuxis 464-398 av JC, dans une compĂ©tition qui lâopposait au peintre Parrhasius, avait reprĂ©sentĂ© des raisins si parfaits que des oiseaux vinrent voleter autour. Si lâAntiquitĂ© est le point de dĂ©part de cette illusion parfaite, la Renaissance et le ManiĂ©risme vont amplifier ce phĂ©nomĂšne avant que la pĂ©riode Baroque nâen fasse un genre Ă part entiĂšre virtuose et inĂ©galĂ©. La bibliothĂšque de Celsus Ă EphĂšse en Turquie 135 aprĂšs JC., conçue par lâarchitecte romain Vitruoya a Ă©tĂ© construite sur un terrain Ă©troit entre des bĂątiments existants en mĂ©moire de Celsus Polemeanus, qui Ă©tait un sĂ©nateur romain, gouverneur gĂ©nĂ©ral de la province dâAsie. MalgrĂ© lâĂ©troitesse des lieux, la conception de la bibliothĂšque crĂ©e un effet monumental. A lâentrĂ©e se trouve une cour de 21 mĂštres de large pavĂ©e de marbre. Neuf marches mĂšnent Ă une galerie de deux Ă©tages. Les frontons courbĂ©s et triangulaires sont supportĂ©s par une couche Ă deux Ă©tages de colonnes appariĂ©es. Les colonnes centrales ont des chapiteaux et des chevrons plus grands que ceux de la fin. Cette disposition donne lâillusion que les colonnes sont plus Ă©loignĂ©es quâelles ne le sont en rĂ©alitĂ©. Ajoutant Ă cette illusion, le podium sous les colonnes pente lĂ©gĂšrement vers le bas sur les bords. Le Moyen Ăge A partir du IVe siĂšcle, avec la fin de lâEmpire romain dâoccident, la tradition antique de la reprĂ©sentation est interrompue. LâEglise se dĂ©veloppe et devient progressivement la religion dominante. Elle se mĂ©fie de la reprĂ©sentation et de lâillusionnisme des images. Elle encourage plutĂŽt une reprĂ©sentation narrative ou symbolique des sujets religieux. Sur la question de la reprĂ©sentation de lâespace, lâart des images au Moyen Ăąge semblent reculer par rapport aux progrĂšs de la peinture romaine. Les artistes ne sont plus prĂ©occupĂ©s de donner lâillusion de la rĂ©alitĂ©. Ils cherchent plutĂŽt Ă reprĂ©senter des rĂ©alitĂ©s Ă©ternelles ou Ă raconter des histoires extraites de la Bible. Le rapport entre les personnages nâest plus spatial, mais symbolique par exemple, la taille des personnages nâindique pas leurs positions dans lâespace mais leur degrĂ© de dignitĂ© ou leur importance dans lâhistoire qui est racontĂ©e. Le Christ, la Vierge ou les apĂŽtres sont souvent reprĂ©sentĂ©s beaucoup plus grands que les autres personnages. Ils semblent flotter dans un espace sans profondeur qui rappelle lâespace des fresques Ă©gyptiennes. Ce fond est souvent dorĂ©, lâor reprĂ©sentant lâespace cĂ©leste. La PrĂ©-Renaissance italienne A la fin du Moyen Ăge, en Italie, aux pĂ©riodes des Duecento et Trecento, des peintres expĂ©rimentent de nouveaux moyens de donner lâimpression de la profondeur. Ils introduisent plusieurs principes innovants dont le dĂ©veloppement dâune complexitĂ© architecturale Ă la perspective empirique. Ambrozio Lorenzetti, lâAnnonciation 1344. En 1344, Ambrozio Lorenzetti, peint une Annonciation qui est considĂ©rĂ©e comme une vĂ©ritable rĂ©volution dans lâHistoire de lâart. La Vierge et lâange prennent place sur un vĂ©ritable plan de base reprĂ©sentant un carrelage de faĂŻence en damier. La taille des carreaux de faĂŻence diminue en sâĂ©loignant du bord du tableau et les lignes de leur quadrillage semblent vouloir se rejoindre au centre, donnant ainsi lâimpression dâun espace entre le bord et le fond. En rĂ©alitĂ©, nous ne sommes encore quâaux balbutiements de la perspective la profondeur, dans le tableau de Lorenzetti, est trĂšs vite arrĂȘtĂ©e par le fond dorĂ©, persistance de la tradition ancienne. Giotto, Les sept vertus, la foi 1306. Giotto 1267-1337, peintre et architecte florentin, marque la rupture dĂ©finitive de la peinture avec la longue tradition byzantine depuis la fin du monde romain. Giotto est donc considĂ©rĂ© comme le crĂ©ateur de la tradition picturale occidentale. Nâayant aucune connaissance technique ni de lâanatomie, ni de la perspective, il a créé de nouveaux idĂ©aux de naturalisme et un nouveau sens de lâespace pictural. Giotto possĂ©dait une maĂźtrise de lâĂ©motion humaine, un sens aigu de la vie humaine, grĂące auxquels il saura dĂ©peindre tous les sentiments en Ă©motions de lâĂąme humaine. Son influence sera Ă©norme et dĂ©terminante et beaucoup dâartistes sâinspireront de son approche directe de lâexpĂ©rience humaine. Giotto, Campanile de lâĂ©glise Santa Maria del Fiore Florence, 1298-1349. En 1298, Giotto conçoit et rĂ©alise le cĂ©lĂšbre Campanile de lâĂ©glise Santa Maria del Fiore Ă Florence, mais dĂ©cĂšde en 1337, avant la fin des travaux en 1349. Avec cet ouvrage monumental, il utilise le trompe-lâĆil pour harmoniser les proportions et rĂ©tablir la dĂ©formation naturelle due au point de vue, la moitiĂ© supĂ©rieure de lâĂ©difice Ă©tant plus large que la moitiĂ© infĂ©rieure. Giotto. Fresque en trompe-lâĆil reprĂ©sentant un lustre en fer forgĂ© Ă la Chapelle des Scrovegni. Padoue 1305. Giotto. Fresques de la vie de Saint-François Ă Assise. Le frĂšre Agostino et lâĂ©vĂȘque dâAssise sont informĂ©s en songe de la mort de François 1182-1226. Les fresques de la vie de Saint-François Ă Assise peintes par Giotto 1182-1226, ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es selon la technique du trompe-lâĆil, depuis le rideau peint au-dessus des scĂšnes de la vie du saint jusquâau cadre architectural fictif qui encadre chacune dâelles. Les scĂšnes utilisent les principes de la perspective. La Renaissance italienne Sous lâimpulsion de la peinture du florentin Giotto, adepte de lâillusion picturale et de raccourcis savants, le mouvement de la Renaissance Quattrocento et Cinquecento 1420-1530 rĂ©volutionna lâhistoire de la reprĂ©sentation en mettant Ă jour, en autre, une loi mathĂ©matique cruciale. Avec lâinvention de la perspective câest la remise en cause de lâespace qui est en jeu, dans tous les domaines de lâart. La pensĂ©e du thĂ©oricien Leon Battista Alberti 1404-1472 a Ă©tĂ© dĂ©terminante dans lâĂ©closion de ce nouvel ordre urbain illusoire. Lâespace reprĂ©sentĂ© ne commence plus aux limites du tableau, mais semble se poursuivre au-delĂ . Les peintres inventent la perspective centrale qui fonctionne avec un point de fuite vers lequel toutes les lignes de fuite du tableau se rejoignent pour un rĂ©sultat hautement illusionniste. Masaccio, TrinitĂ© 1427â1428 ParallĂšlement aux recherches dâAlberti, Filippo Brunelleschi 1377-1446 est considĂ©rĂ© comme lâinventeur de la perspective, de la formulation du principe perspectif. Il reformule et concrĂ©tise les principes mathĂ©matiques de la perspective linĂ©aire, dĂ©jĂ observĂ©s dans la peinture antique. Les lignes parallĂšles, visuellement, se rejoignent dans un point de fuite, situĂ© sur lâhorizon, ainsi tous les objets et personnages reprĂ©sentĂ©s dans lâespace pictural rĂ©trĂ©cissent en sâĂ©loignant. Brunelleschi inventera, dans la foulĂ©e, la perspective des futurs peintres de la Renaissance Andrea Mantegna, Piero della Francesca, Masaccio, Uccello, Botticelli, Michel-Ange, VĂ©ronĂšse, LĂ©onard de VinciâŠ. La perspective devient bientĂŽt une loi commune Ă la nature et Ă la forme artistique, un art total. La nature est maintenant créée et ordonnĂ©e par lâartiste qui se trouve au centre du monde. Avec lâarrivĂ©e de la peinture Ă lâhuile, inventĂ©e par Jan van Eyck, les effets de matiĂšre, marbre, or, cuivre, argent, bois sont poussĂ©s au paroxysme du plaisir de troubler les sens. Andrea Mantegna, adepte de raccourcis anatomiques virtuoses, a volontairement conçu la perspective de certains tableaux religieux de telle sorte que le point de vue correct se trouve bien au-dessus des yeux de tout fidĂšle, en contre-plongĂ©e, afin de crĂ©er un sentiment de spiritualitĂ© chez les observateurs. FascinĂ© par les marbres antiques qui surgissaient du sol romain, Mantegna modĂšle Ă©galement ses figures en utilisant ce que Pline lâAncien avait appelĂ© color lapidum, la couleur de pierre. Andrea Mantegna, Saint-Jacques conduit au supplice 1453-1457. Andrea Mantegna, Lamentation sur le Christ mort 1490. Andrea Mantegna, Camera degli Sposi, fresque du palais Ducal 1470. Uccello est adepte de figures gĂ©omĂ©trisĂ©es Ă lâextrĂȘme, de jeux bizarres et trĂšs personnels avec les rĂšgles de la perspective et dâimages chronoscopiques bien avant lâheure. Il veut mettre la perspective au service dâune dynamique et non au service de lâillusion dâun espace en trois dimensions. Il est donc prĂȘt Ă abuser de la thĂ©orie de ses contemporains Alberti et Brunelleschi, prĂȘt Ă commettre des fautes dâoptique ou des bizarreries pour privilĂ©gier le Temps par rapport Ă lâEspace, autrement dit pour transcrire le mouvement. Cette volontĂ© est prĂ©sente dâun bout Ă lâautre de sa production et sâimpose comme la marque de son Ćuvre. Paolo Uccello, La Bataille de San Romano 1456. La CitĂ© idĂ©ale peinte vers entre 1475 et 1480 est une perfection en matiĂšre de perspective centrale. Lâespace est reprĂ©sentĂ©e de maniĂšre convaincante et pourtant, il y a quelque chose dâirrĂ©el, de trop parfait dans cette citĂ© aux proportions trop rĂ©guliĂšres et visiblement inhabitĂ©e⊠La CitĂ© idĂ©ale de Baltimore, dâUrbino et de Berlin 1475-1480. Dans lâAnnonciation 1437 de Fra Angelico, la visite de lâange a lieu dans une vraie architecture et on aperçoit sur la gauche un jardin qui semble se poursuivre au-delĂ du bord. Fra Angelico, lâAnnonciation 1437. Dans lâAnnonciation 1440-1442 de Filippo Lippi, le peintre a voulu donner le maximum de profondeur Ă son tableau et le regard se perd dans le lointain. Dans La Vierge Ă lâenfant avec deux anges 1437-1465 lâillusion de la profondeur est renforcĂ©e par un fauteuil en trompe-lâĆil qui sort dâun tableau. Filippo Lippi, lâAnnonciation 1440-1442. Filippo Lippi, Vierge Ă lâEnfant avec deux anges 1465. TrĂšs vite, certains peintres comme LĂ©onard de Vinci, qui utilise lui aussi la perspective, vont remettre en question la perspective comme moyen unique et absolu de reprĂ©senter la profondeur. Selon eux, la perception que nous avons de lâespace nâest pas aussi mathĂ©matique dans la rĂ©alitĂ©. Lâespace du paysage qui constitue le fond de la Joconde, quâil peint vers 1506, nâest pas un espace cohĂ©rent il nây a pas de continuitĂ© entre la partie Ă droite du visage de Mona Lisa et la partie Ă gauche. Leonard de Vinci a le secret de composer des ĂȘtres fantastiques dont lâexistence devient probable âŠ. Il fait un christ, un ange, un monstre en prenant ce qui est connu, ce qui est partout, dans un ordre nouveau, en profitant de lâillusion et de lâabstraction de la peinture, laquelle ne produit quâune seule qualitĂ© des choses, et les Ă©voque toutes. » Paul Valery La chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange entre 1508 et 1512 au Vatican Ă Rome est le plus vaste trompe-lâĆil de lâhistoire. Les villas de Toscane et de Venise se rapprochent des peintures illusionnistes contemporaines. Les murs nus sâhabillent dâarchitectures somptueuses. Dans les dĂ©cors peints entre 1560 et 1561 par VĂ©ronĂšse Ă la villa Barbaro, en VĂ©nitie, la fiction sâĂ©prend de la rĂ©alitĂ©, et lâĆil ne saurait dire oĂč commence la feinte et oĂč sâarrĂȘte la paroi. En levant les yeux, on aperçoit des balustrades sur lesquelles se penchent des personnages qui Ă©pient le visiteur. Il sâagit non seulement de crĂ©er un Ă©crin, mais de composer une scĂ©nographie dans laquelle lâobservateur est pris Ă partie. Andrea Palladio 1508-1580, lâune des figures majeures de la Renaissance italienne, a conçu Le Théùtre Olympique de Vicence, inaugurĂ© en 1585. Une Ćuvre dâart unique entiĂšrement construite en trompe-lâĆil suivant les principes de la perspective et du tout nouveau courant artistique baroque. LâAllemagne aura Ă©galement sa pĂ©riode de Renaissance aux XVe et XVIe siĂšcle avec Albrecht DĂŒrer, thĂ©oricien de la gĂ©omĂ©trie de la perspective linĂ©aire, qui utilise la grisaille et les lignes du dessin pour crĂ©er lâillusion de la profondeur dans ses Ă©tudes sur les mains, drapĂ©es et autre crĂąne. Albrecht DĂŒrer, CrĂąne 1521. Lâanamorphose Pour Brunelleschi, il est essentiel que la reprĂ©sentation soit dĂ©finie Ă partir dâun point de vue unique et constant. Câest ce point de vue qui est au centre de lâanamorphose, qui est une dĂ©rive de la perspective, une dĂ©formation rĂ©versible dâune image Ă lâaide dâun systĂšme optique tel un miroir courbe ou un procĂ©dĂ© mathĂ©matique. Cette perspective dĂ©pravĂ©e » rĂ©sulte des applications des travaux de Piero della Francesca 1412-1492. Cet art de la perspective secrĂšte » dont parle DĂŒrer connaĂźt des applications multiples, dans le domaine de lâarchitecture et du trompe-lâĆil pictural dont le baroque abusera. Depuis les Ćuvres chinoises datant de la dynastie Ming 1368-1644 et la toile Les Ambassadeurs 1533 de Hans Holbein le jeune, le procĂ©dĂ© anamorphique est prĂ©sent dans lâhistoire des arts. Hans Holbein, Les Ambassadeurs 1533. Lâanamorphose est une image codĂ©e, une quintessence de la forme, une prouesse technique qui produit du sens et de la poĂ©sie comme le dit Jurgis Baltrusaitis dans son ouvrage Anamorphose 1955 Ce procĂ©dĂ© est Ă©tabli comme une curiositĂ© technique, mais il contient une poĂ©tique de lâabstraction, un mĂ©canisme puissant de lâillusion optique et une philosophie de la rĂ©alitĂ© factice. » Erhard Schon, Portraits en anamorphoses de Charles V, Ferdinand I, Pape Paul III et Francis I 1535. Lâanamorphose refera surface avec des artistes plasticiens contemporains utilisant ce procĂ©dĂ© dans leurs Ćuvres sous diffĂ©rents supports comme Felice Varini avec la peinture spatiale, Georges Rousse avec la photographie, Markus Raetz et Tjeerd Alkema avec la sculpture, Bernard Pras, Shigeo Fukuda, Diet Wiegman, Tim Noble et Sue Webster avec leur sculpture-installation de lumiĂšre composite. Lâart Flamand LâĆuvre de Jan van Eyck 1390-1441 est frappante par son rĂ©alisme. Bien que cela soit dĂ©jĂ une caractĂ©ristique de la peinture flamande, la prĂ©cision et la maĂźtrise des dĂ©tails atteignent avec lui un niveau allant jusquâĂ la perfection. LâatmosphĂšre gĂ©nĂ©rale de ses tableaux provient de ses Ă©clairages, des jeux dâombre et de lumiĂšre, qui donnent les volumes et matĂ©rialisent lâespace. Jan van Eyck. Triptyque de Dresde ouvert et fermĂ© 1437. Lâillusion de la profondeur est chez lui, le rĂ©sultat de lâutilisation de la perspective atmosphĂ©rique au sein dâune composition souvent Ă deux points de fuite. Il invente Ă©galement un liant quâil utilise avec la peinture Ă lâhuile et qui lui permet de crĂ©er un aspect brillant et de travailler les transparences. La perspective et de la lumiĂšre caractĂ©rise lâart de Van Eyck qui est un prĂ©curseur dans ce domaine. La lumiĂšre qui traverse la vitre modĂšle les formes avec dĂ©licatesse et crĂ©e la sensation dâespace ; le cadre architectonique et le recours au miroir au fond de la piĂšce donnent lâillusion de la profondeur. Cependant, lâanamorphose du miroir et lâinscription calligraphiĂ©e sont une nĂ©gation de lâillusion de profondeur. Van Eyck opĂšre comme un retournement de lâespace reprĂ©sentĂ©, il fait obstacle au regard du spectateur et lui interdit de se laisser glisser mentalement dans lâillusion. Jan van Eyck, Les Ăpoux Arnolfini 1434. Avec Les Ăpoux Arnolfini 1434, la perspective de Van Eyck dit autre chose plus symbolique que naturaliste, ainsi plusieurs points de fuite coexistent dans la reprĂ©sentation spatiale celle de la fenĂȘtre aboutit sur le cĆur de lâĂ©pouse, celle du lit sur le cĆur de lâĂ©poux, celle du peintre et de lâobservateur et du reste du dĂ©cor, planche, meuble⊠sur le miroir, une dĂ©monstration en somme en Ă©panorthose de lâaffirmation des Florentins et dâAlberti en particulier qui se disent alors inventeurs de la perspective ». Le tableau, peut se lire comme la premiĂšre mise en garde contre les mirages et les dĂ©rives de la perspective. Jan van Eyck, lâAnnonciation 1433. InspirĂ© par la prĂ©ciositĂ© des retables de dĂ©votion an ivoire, lâartiste flamand peint le diptyque de lâAnnonciation 1433 tel un trompe-lâĆil sculptural virtuose qui dĂ©borde du cadre. La vierge et lâarchange Gabriel se dĂ©tachent du fond comme deux figures tridimensionnelles peintes en grisaille, comparables Ă des sculptures. Peindre dans une gamme chromatique restreinte sâapparente Ă un geste dâĂ©mancipation, un acte libĂ©rateur qui permet Ă lâartiste de se concentrer sur une esthĂ©tique purement formelle. Le maniĂ©risme Le maniĂ©risme 1520-1580 se dĂ©veloppe avec la contre-rĂ©forme et dĂ©ploie des artifices au niveau des personnages et dans lâinsertion de motifs insolites. Ce courant contestataire aime Ă rompre avec les codes de la Renaissance tout en les rĂ©interprĂ©tant, Ă dĂ©former les corps et les paysages en utilisant lâanamorphose comme base esthĂ©tique. Les peintres maniĂ©ristes renoncent Ă reprĂ©senter un espace cohĂ©rent et rĂ©aliste Des artistes comme le Parmesan, le Pontormo, le Tintoret, Cellini et le Greco sont passĂ©s maĂźtres dans la reprĂ©sentation de scĂšnes bibliques Ă©tranges et exacerbĂ©es, utilisant une dĂ©formation organique et spatiale ainsi quâune exploitation surrĂ©aliste et acide de la couleur. DomĂnikos TheotokĂłpoulos le Greco, LâimmaculĂ©e conception. Chapelle Oballe de lâĂ©glise San Vicente Ă TolĂšde 1608-1613. Girolamo Francesco Maria Mazzola le Parmesan, Autoportrait au miroir convexe 1524. Dans la DĂ©position de Croix de Pontormo 1527, nous voyons un groupe de personnage se tenir sur un sol Ă peine esquissĂ© qui remplit tout lâespace du tableau dans des teintes pastel irrĂ©elles. Jacopo Robusti le Tintoret, Le miracle de Saint Marc dĂ©livrant lâesclave 1548. Chez le Tintoret, les compositions sont surprenantes, jouant avec la perspective, usant de contre-plongĂ©e audacieuses, multipliant les points de vue et dĂ©tournant les rĂšgles de la reprĂ©sentation illusionniste pour donner Ă voir la vie et traduire les tourments de lâĂąme. Le cĂ©lĂšbre biographe Vasari dĂ©crit lâartiste comme le plus terrible esprit quâait jamais connu la peinture⊠Il est allĂ© plus loin que lâextravagance, par la bizarrerie de ses inventions ». Pour Paolo Pino, si le Titien et Michel-Ange ne faisaient quâun, câest-Ă -dire la couleur alliĂ©e au dessin, on pourrait appeler cet homme le Dieu de la peinture. » Giuseppe Arcimboldo, Vertumne 1590 Dans cette mouvance, Arcimboldo rĂ©alise des images composites Ă double sens qui oscillent entre le fantastique et le trĂšs connu, comme la sĂ©rie des Quatre saisons avec ses fruits et lĂ©gumes reprĂ©sentant des portraits humains. Selon que lâobservateur soit proche ou non du tableau, il reçoit deux images diffĂ©rentes. Câest aussi le cas avec ses images rĂ©versibles. LâĂ©loignement et la proximitĂ© sont fondateurs de sens et mettent Ă jour lâallĂ©gorie de lâĆuvre. Le peintre et graveur flamand Marcus Gheeraerts lâAncien 1520-1590 utilisera la technique de lâimage composite dans LâallĂ©gorie des Iconoclastes 1566â1568. Lâimage composite maniĂ©riste se dĂ©veloppera Ă travers les siĂšcles suivant, jusquâĂ nos jours avec les accumulations et la classification dâobjets industriels du britannique Tony Cragg ou les compositions de matĂ©riaux disparates qui constituent une figure de lâillusionniste low-tech » et photographe brĂ©silien Vik Muniz. Hendrik Goltzius, Icare 1588. Le peintre, dessinateur et graveur nĂ©erlandais Hendrik Goltzius 1558-1617 sâest illustrĂ© dans de rares et Ă©tonnants grands formats de pen paintings, ou copies au crayon sur toile, de ses propres gravures. Entre 1593 et 1594 Goltzius rĂ©alise un cycle de six planches â connu sous le nom de chef-dâĆuvre de Goltzius » oĂč il sâapplique Ă reproduire les styles des maĂźtres tels que DĂŒrer, Lucas de Leyde, le Baroche, le Parmesan, RaphaĂ«l ou le Bassan dans une dĂ©marche de copiste Ă la limite du faussaire. La transmogrification » issue du maniĂ©risme consiste Ă crĂ©er des reprĂ©sentations Ă la fois familiĂšres et monstrueusement transformĂ©es. Nous retrouvons ces anomalies » dans les visages et les corps du Greco et plus tard, au XXe siĂšcle, dans les figures longilignes de Modigliani, les sculptures filiformes de Giacometti, les personnages dĂ©formĂ©s de Francis Bacon ou les objets gigantesques de Claes Oldenburg. Le baroque LâĂąge baroque XVIe-XVIIe aura Ă©tĂ© lâapothĂ©ose de lâutilisation des techniques illusoires et du trompe-lâĆil. La virtuositĂ© atteint alors son comble et doit beaucoup aux techniques de la perspective et du clair-obscur utilisĂ©es. Un style exubĂ©rant, dĂ©coratif et riche de mouvements qui vampirisera la littĂ©rature, la musique, le théùtre, lâarchitecture, la peinture et la sculpture jusquâĂ les confondre. La peinture se mue en architecture et lâarchitecture en sculpture. Les formes artistiques explorent les limites de leur expression et les dĂ©passent en une fusion affolant les sens. Baldassarre Perruzi, Le salon des Perspectives Villa Farnesina, Rome, 1507-1511. Le Baciccio Giovanni Battista Gaulli. Le Triomphe du nom de JĂ©sus. Eglise du GesĂč Ă Rome 1672-1683. Francesco Borromini, La perspective de Borromini. Galerie du palais Spada 1652-1653. Lâart baroque est un art total, un art de mise en scĂšne oĂč la scĂ©nographie et la théùtralitĂ© sont les vecteurs de lâexpĂ©rience immersive qui met le regardeur-spectateur au centre de lâĆuvre. Anamorphoses, effets de perspective, trompe-lâĆil, espaces concaves et convexes, mouvement intĂ©rieur, composition en vrille et diagonale, ombre et lumiĂšre, seront des techniques utilisĂ©es par les stars de ce mouvement polymorphe comme le Bernin, Borromini, le Baciccio, Andrea Pozzo, le Caravage. Gian Lorenzo Bernini le Bernin, LâExtase de sainte ThĂ©rĂšse. Eglise Santa Maria della Vittoria de Rome 1647-1652. Andrea Pozzo, Fresques Actes dâHercule et son apothĂ©ose Viennes, 1704. Caravage, MĂ©duse. Huile sur cuir marouflĂ© sur bouclier en peuplier. MusĂ©e des Offices, Florence 1597-1598. Le Caravage, peint des personnages certes trĂšs rĂ©alistes, mais dans un dĂ©cor nocturne dâoĂč toute notion dâespace a disparu. Joos de Momper, Winter 1600-1630. Le XVIIe verra Ă©galement apparaĂźtre de troublants paysages anthropomorphes comme ceux de Merian MatthaĂŒs 1593-1650 et Joos de Momper 1564-1635, ou des images cachĂ©es apparaissent dans une double lecture. Ce procĂ©dĂ© est lâhĂ©ritage des paysages fantastiques chinois et des miniatures Indo-Persanes. Image composite moghole reprĂ©sentant un Ă©lĂ©phant montĂ© par un gĂ©nie Ă tĂȘte de bouquetin dĂ©tail, XVIIe siĂšcle. Dans la continuitĂ© du maniĂ©risme, les peintres Moghols dĂ©velopperont de fascinantes images dâanimaux composites⊠Bien plus tard, aux XIXe siĂšcle, le peintre et graveur japonais Utagawa Kuniyoshi sera un adepte des images composites dans certains de ses travaux. Cornelis Norbertus Gysbrechts, Trompe-lâoeil dâun placard ouvert 1665. Le flamand Cornelis Norbertus Gysbrechts 1630-1675 sera le principal reprĂ©sentant du trompe-lâoeil pictural spĂ©cialisĂ© dans les natures mortes et les vanitĂ©s au XVIIe siĂšcle. Les artistes nĂ©erlandais du XVIIe peindront lâintĂ©rieur de boĂźtes appelĂ©es coffrets de perspective » ou boĂźtes dâoptique » de telle sorte quâen regardant Ă lâintĂ©rieur, Ă travers un trou situĂ© au centre de la projection, on voie une scĂšne tridimensionnelle qui sâĂ©tend bien au-delĂ des limites de la boĂźte. Le peintre, graveur et poĂšte Samuel van Hoogstraten adepte du trompe-lâĆil dans ses peintures et natures-mortes utilisera ses connaissances en perspective, les effets de trompe-lâĆil et les distorsions de lâanamorphose pour construire ses boĂźtes dâoptique » comme celle avec des vues intĂ©rieures dâune maison nĂ©erlandaise 1655-1660 qui peut ĂȘtre observĂ©e par des orifices situĂ©s de chaque cĂŽtĂ© de la boĂźte. Le siĂšcle des LumiĂšres Au XVIIIe siĂšcle, pĂ©riode charniĂšre de transition entre le classicisme et le nĂ©o-classicisme, voit apparaĂźtre le mouvement rococo qui, comme le baroque, va se propager Ă lâarchitecture, la peinture, la sculpture et les arts dĂ©coratifs. Stylistiquement, le rococo dĂ©ploie une profusion dâornementations, un Ă©clatement de toutes formes de structures et un condensĂ© de sensations fugitives. La dĂ©coration intĂ©rieure est la plus significative de ce style et se dĂ©veloppe en France et surtout en BaviĂšre. En Italie, le rococo est rattachĂ© aux derniers artistes du baroque comme Borromini ou Guarini. Le vĂ©nitien Giovanni Battista Tiepolo 1696-1770, spĂ©cialiste des fresques en trompe-lâĆil dĂ©veloppe tout son art du raccourci dans les palais et les Ă©glises Ă Venise et en BaviĂšre. Giovanni Battista Tiepolo, AllĂ©gorie du MĂ©rite AccompagnĂ©e de la Noblesse et de la Vertu 1757-1758. Le peintre flamand Martin-Joseph Geeraerts 1707-1791 fĂ»t un grand maĂźtre de lâillusionnisme spĂ©cialisĂ© dans un type de peinture en grisaille imitant avec brio les bas-reliefs de lâantiquitĂ© ou les sculptures monumentales de ses contemporains. Martin-Joseph Geeraerts, Jeux dâenfants grisaille. Martin-Joseph Geeraerts, Ensemble de grisailles de la cathĂ©drale Notre-Dame de Cambrai Ă Arras 1756-1760. Les neuf grisailles de la CathĂ©drale Notre-Dame de Cambrai sont des piĂšces artistiques majeures rĂ©alisĂ©es par Geeraerts entre 1756 et 1760. ExĂ©cutĂ©es dâaprĂšs Rubens, elles sont en trompe-lâĆil et reproduisent superbement lâeffet de la sculpture. Les quatre grisailles du transept Saint-Joseph mettent en scĂšne la Passion du Christ, les quatre autres, dans de la chapelle Notre-Dame de GrĂące, illustrent des scĂšnes de la vie de Marie. La neuviĂšme se trouve dans la sacristie de la cathĂ©drale. Ces grisailles ont Ă©tĂ© emportĂ©es par les Allemands lors de leur retraite en 1918. On les a retrouvĂ©es Ă Bruxelles avec dâautres Ćuvres dâart. Elles Ă©taient de retour Ă Cambrai en avril 1919. PiranĂšse. Les Prisons imaginaires, planche XIV. Estampe 1750. Giovanni Battista Piranesi fut un grand crĂ©ateur de dĂ©cors fantastiques. Il rompit volontairement avec les lois de la perspective pour jouer avec les limites du possible en crĂ©ant des anomalies architecturales. William Hogarth 1697â1764 â Fausse perspective 1754. MatthĂ€us Merian, double portrait extrait de Baselâs dance of death. Gravure sur cuire de Jacques Antony Chovin 1744-1789. Le XIXe siĂšcle Louis-LĂ©opold Boilly 1761-1845, peintre des LumiĂšres aux talents multiples et Ă lâhumour humaniste, Ă©tait un virtuose du portait, des scĂšnes de genre et du trompe-lâĆil. Trompe-lâĆil quâil est le premier Ă se rĂ©clamer avec ses peintures en 1800. Grand amateur de théùtre et dâoptique, Boilly provoque la rĂ©tine avec une toile imitant de façon hallucinante, dans un cadre factice, un amas de dessins et de gravures aux feuilles lĂ©gĂšrement cornĂ©es dont un autoportrait de lui hilare. Ses Trompe-lâĆil sont bluffants comme son Chat gourmand, des tables de jeu littĂ©ralement renversantes et des peintures encadrĂ©es dont le verre semble brisĂ©. Louis-LĂ©opold Boilly, Trompe-lâoeil avec un chat et une bĂ»che de bois Ă travers une toile, poissons suspendus de la civiĂšre. Louis-LĂ©opold Boilly, Trompe-lâoeil aux piĂšces de monnaie, sur le plateau dâun guĂ©ridon 1808-1814. Au XIXe siĂšcle, le peintre, aquarelliste et graveur catalan Pere Borrell del Caso se fera principalement connaĂźtre pour ses tableaux en trompe-lâĆil, dont le cĂ©lĂšbre Escapando de la crĂtica 1874. Pere Borrell del Caso, Niñas riendo 1880. Utagawa Kuniyoshi, Man made of men. Image composite 1847. Lâart moderne La peinture impressionniste apparaĂźt officiellement en 1872 lorsque Claude Monet peint Impression Soleil Levant, Ćuvre qui donnera son nom au mouvement. Un mouvement qui rejeta le classicisme, lâacadĂ©misme et le processus de la mimesis instaurĂ©s durant des siĂšcles en les remplaçant par un ressenti subjectif et perceptif des choses. Pour reprĂ©senter la nature, lâartiste se fie Ă ses impressions. Le pointillisme ou divisionnisme est instaurĂ© par Georges Seurat dans les annĂ©es 1880. Ce mouvement est classĂ© dans un courant artistique dit nĂ©o-impressionniste ». Câest un procĂ©dĂ© de petites touches de couleur juxtaposĂ©es qui donne lâillusion dâune image figurative, observĂ©e Ă la bonne distance. Une technique utilisĂ©e depuis le XVIe siĂšcle mais montĂ©e en systĂšme par Paul Signac. Georges Seurat, La Seine Ă Courbevoie dĂ©tail, 1885. Le cubisme 1907-1921 reprĂ©sentĂ© par Pablo Picasso et Georges Braque redĂ©finira la peinture figurative en la projetant dans une multitude de points de vue, dĂ©composant et rassemblant les objets et les figures humaines, pour annoncer lâart abstrait de Kandinsky. Pablo Picasso, Portrait dâAmboise Vollard 1909-1910. Le surrĂ©alisme instaurĂ© par AndrĂ© Breton en 1924 est dĂ©fini comme un automatisme psychique pur, par lequel on se propose dâexprimer, soit verbalement, soit par Ă©crit, soit de toute autre maniĂšre, le fonctionnement rĂ©el de la pensĂ©e. DictĂ©e de la pensĂ©e, en lâabsence de tout contrĂŽle exercĂ© par la raison, en dehors de toute prĂ©occupation esthĂ©tique ou morale [âŠ] ». La psychĂ©, le rĂȘve, les croyances, lâĂ©sotĂ©risme et la magie dirigent ce mouvement. Salvador Dali, Ballerine et TĂȘte de Mort 1939. RenĂ© Magritte, La reproduction interdite 1937. Les Ćuvres surrĂ©alistes aiment les devinettes et les puzzles visuels. Lâimage se double, sâinverse devient ambiguĂ« dans une mise en abyme ludique. RenĂ© Magritte, Max Ernst, Man Ray et surtout Salvador Dali exploitent des rebus polymorphes Ă plusieurs entrĂ©es dâinterprĂ©tations. Les illusions dâoptique En parallĂšle des dĂ©couvertes sur la persistance rĂ©tinienne qui produira de nombreux jouets optiques crĂ©ant lâillusion du mouvement ou du relief, dans les annĂ©es 1860, psychologues, physiologistes et physiciens allemands produisent une Ă©tonnante sĂ©rie dâillusions dâoptiques comme Adolf Fick, Johann Karl Friedrich Zöllner, Johann Christian Poggendorff et Ewald Hering. Plus tard, les psychologues Franz MĂŒller-Lyer, Hermann Ebbinghaus, Edward Bradford Titchener, James Fraser et Mario Ponzo produiront respectivement lâillusion MĂŒller-Lyer 1889, lâillusion Ebbinghaus 1901, la spirale de Fraser 1908 et lâillusion de Ponzo 1911. Lâillusion de Zöllner 1860. LâavĂšnement du gestaltisme ou psychologie de la forme en 1890 initiĂ© par le philosophe autrichien Christian von Ehrenfels a dĂ©bouchĂ© sur une thĂ©orie selon laquelle les processus de la perception et de la reprĂ©sentation mentale traitent spontanĂ©ment les phĂ©nomĂšnes comme des formes globales. Les principales lois de la gestalt appartiennent au domaine visuel comme la loi de la bonne forme, de continuitĂ©, de la proximitĂ©, de similitude, de destin commun et de familiaritĂ©. Canard-lapin. figure ambigĂŒe rĂ©versible et bistable. Dessin publiĂ© dans le journal satirique munichois Fliegende BlĂ€tter 1892. William Hill, Une jeune fille et une vieille femme 1915. Caricature tirĂ©e dâune carte postale allemande de 1888. De nombreuses dĂ©couvertes optiques dans le domaine scientifique nâen finissent pas dâapparaĂźtre jusquâĂ nos jours, comme Lâillusion de Michael White 1979, Lâillusion de Thatcher de Peter Thompson 1980, lâillusion de Pinna 1990, lâillusion dâAdelson 1995, ou lâillusion Rotating snakes de Akiyoshi Kitaoka 2003. Le temple des illusions regroupant les illusions de Zolner, Fraser, Hering et Ehrenstein. Nigel Rodgers, Illusions dâoptique 1999. Connues depuis lâAntiquitĂ©, les illusions dâoptique Ă©taient utilisĂ©es pour la construction des temples grecs et des pyramides bien avant quâon en connaisse les causes. Elles surviennent naturellement ou sont créées dĂ©libĂ©rĂ©ment par des dispositifs qui utilisent certains principes de fonctionnement du systĂšme visuel humain. Ces perceptions sont aussi les expĂ©riences dont les neurosciences disposent pour expliquer la vision. On peut regrouper les illusions dâoptiques en quatre grandes catĂ©gories les illusions cognitives, les illusions physiologiques, les curiositĂ©s optiques et les Ă©nigmes visuelles. Dans les illusions cognitives nous pouvons classer le rapport fond/forme, les illusions gĂ©omĂ©triques, lâeffet Stroop, lâillusion de relief, lâillusion de lecture, les figures impossibles, les illusions faciales, les images fantĂŽmes, les ambigrammes. Dans les illusions physiologiques nous pouvons classer les images hybrides, les images rĂ©manentes, la 3D, la tĂąche aveugle, les mouvements virtuels, les effets de contraste et lâeffet Troxler. Les nombreuses dĂ©couvertes optiques dans le domaine scientifique vont influencer un grand nombre dâartistes qui utiliseront ces principes dâillusions visuelles et paradoxes perceptifs dans leur travail. Oscar ReutersvĂ€rd, 132. Le triangle de Penrose, objet impossible conçu par le mathĂ©maticien anglais Roger Penrose dans les annĂ©es 1950, sera une figure essentielle des travaux de lâartiste Maurits Cornelis Escher. Cette figure a Ă©tĂ© dĂ©crite pour la premiĂšre fois en 1934 par le suĂ©dois Oscar ReutersvĂ€rd 1915-2002 qui est le premier Ă avoir introduit les figures impossibles dans lâart. Elle a Ă©tĂ© redĂ©couverte par Penrose qui en publie le dessin dans le British Journal of Psychology en 1958. Dans cette mĂȘme publication nous retrouvons lâescalier de Penrose que reprendra Escher pour sa fameuse lithographie MontĂ©e et Descente 1960. Escher, MontĂ©e et Descente 1960. Maurits Cornelis Escher est connu, depuis les annĂ©es 1920, pour ses troublantes lithographies et ses dessins figurant des labyrinthes et des constructions impossibles. Un artiste populaire, rattachĂ© Ă aucun mouvement artistique, qui expĂ©rimentait de nouvelles formes en travaillant les fausses perspectives, en dĂ©calant les angles de vue et en exploitant la relativitĂ© des points de fuite. Escher, Main se reflĂ©tant dans une sphĂšre 1935. Escher influencera un nombre incalculable dâartistes qui reprendront ses constructions et ses compositions illusionnistes dans des variations infinies jusquâĂ nos jours. Entre image composite et paysage anthropomorphe, le travail rĂ©aliste magique du peintre et illustrateur canadien Rob Gonsalves en est le meilleur exemple. Rob Gonsalves, Carved in Stone 1995. Istvan Orosz, Balcon 1997. Victor Vasarely, Gamma. Fondation Vasarely 1958. Victor Vasarely, avec le mouvement de lâart optique dans les annĂ©es 1950, aura portĂ© et transcendĂ© les illusions dâoptiques Ă un niveau jamais atteint en rĂ©interprĂ©tant diverses illusions comme celle de Ehrenstein ou de Kanizsa. Roger N. Shepard, Dilemme dorique. Dessin sur le principe du Blivet le trident Ă deux dents et de lâanomalie figure-fond 1990. Seules des conditions artificielles, comme celles que peuvent concevoir un psychologue de la perception, un magicien ou un peintre en trompe-lâĆil, nous rendent conscient du puissant travail de dĂ©duction quâeffectue le mĂ©canisme cachĂ© de notre systĂšme visuel. » Shepard Francis Tabary, Grand Penrose aluminium. Le magicien et sculpteur Francis Tabary conçoit depuis 2003 des sculptures impossibles basĂ©es sur le principe de Penrose, ainsi que des ambigrammes en volume. GĂ©rard Bakner. Eloge du mouvement 2. DâaprĂšs un buste de Franz Xaver Messerschmidt et sur le principe de lâillusion dâHajime Ouchi 1973. Tirage numĂ©rique sur Dibond 2016. Le magicien et artiste GĂ©rard Bakner, revisite de cĂ©lĂšbres illusions dâoptiques pour crĂ©er ses impressions numĂ©riques comme lâillusion de la grille dâHermann, lâillusion de Poggendorff, lâeffet Troxler, lâillusion de Kanizsa, lâillusion de Ehrenstein, lâillusion de Ouchi et lâillusion de Pinna. Philippe Socrate, Flamme partagĂ©e 2017. Ce travail graphique revisite magistralement la perception figure-fond connue par le dessin du vase du psychologue Edgar Rubin 1915, dont les antĂ©cĂ©dents sont les vases funĂ©raires rĂ©volutionnaires cachant des profils vers 1795. Le magicien, mĂ©decin et graphiste Philippe Socrate a dĂ©veloppĂ© tout un travail sur les illusions dâoptique ; une passion quâil cultive depuis 30 ans. Dans ce domaine on ne peut rien faire dâoriginal, si on ne met pas les mains dans le cambouis. » dit-il. De 2015 Ă 2017, il a passĂ© trois heures par jour sur Photoshop pour produire un merveilleux livre qui est une rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre Tous les secrets des illusions dâoptique de Philippe Socrate Editions Eyrolles, 2017. Il expose aussi au grand public un Quiz Optique interactive lors de soirĂ©es privĂ©es dâentreprises. Ken Knowlton, Portrait de Martin Gardner 1993. Lâartiste amĂ©ricain Ken Knowlton dĂ©veloppe en 1980 tout un travail graphique Ă lâaide de double dominos pour composer des portraits figuratifs. Il reprend, Ă sa façon, la technique des peintres pointillistes de la fin du XIXe. Simon Batman vs Penguin, Criminal Underworld. Figure rĂ©versible 2010. Le photomontage La photographie a cette particularitĂ© dâĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la plus vraisemblable preuve, document et la plus suspecte manipulations, trucage. Les manipulations de lâimage photographique accompagnent cette pratique depuis son invention. La photographie spirite sâemparera du trucage argentique et de la double exposition dĂšs les annĂ©es 1860 avec William Mumler pour produire des images surrĂ©elles de fantĂŽmes, revenants et autres dĂ©capitĂ©s rĂ©alisĂ©s Ă la main, grĂące au dĂ©coupage et Ă la superposition de nĂ©gatifs. William Mumler. Photographie spirite vers 1860. Dans les annĂ©es 1870, le photomontage est utilisĂ© par Ernest Appert, mais câest Ă partir des annĂ©es 1917 quâil va se propager avec le mouvement constructiviste russe par lâintermĂ©diaire dâAlexander Rodtchenko et El Lissitzky et avec le DadaĂŻsme. Deux utilisations diffĂ©rentes lâune politique, lâautre poĂ©tique. Photographie expĂ©rimentale, Russie vers 1920. John Heartfield, Adolf le surhomme ingurgite de lâor et dĂ©bite des balivernes. Photomontage 1932. B. Klintch, Staline. Photomontage du 1er mai Ă Moscou 1936. La propagande politique de certains pays comme la Russie utilise cette technique comme trucage pour réécrire lâhistoire » en effaçant ou transformant argentiquement » une certaine rĂ©alitĂ© photographique. Le travail du photographe amĂ©ricain Jerry Uelsmann est considĂ©rĂ© comme prĂ©curseur du photomontage au XXe siĂšcle. Il crĂ©e ses photomontages Ă partir de plusieurs nĂ©gatifs photographiques en se servant des outils et procĂ©dĂ©s de trucage entiĂšrement analogues. Son travail, qui est Ă la hauteur des photomontages numĂ©riques, sâinscrit dans un surrĂ©alisme photographique. Un grand nombre de ses images sont de vrais trompe-lâĆil surrĂ©alistes. Jerry Uelsmann, Untitled 1997. Maggie Taylor, The visitor 2011. La retouche dâimages et le dĂ©veloppement des trucages photographiques numĂ©riques assistĂ© par ordinateur sâest dĂ©veloppĂ© depuis les annĂ©es 1990 avec la propagation de logiciels comme Adobe Photoshop. Des artistes comme Maggie Taylor, Barry Frydlender, Eva Lauterlein, Adam Magyar, Erik Johansson, Eric Rondepierre, Jean-François Rauzier sont des virtuoses de ce procĂ©dĂ©. Erik Johansson, Reverberate 2011. Eva Lauterlein, ChimĂšres 2017. LâĂ©cole allemande composĂ©e dâAndreas Gursky, Candida Höfer, Axel HĂŒtte et Thomas Demand, travaillent depuis les annĂ©es 1970 dans la lignĂ©e de la Nouvelle ObjectivitĂ©, un mouvement qui visait Ă reprĂ©senter sans fard le rĂ©el dans les annĂ©es 1930. Ils introduisent tous lâillusion dans leur composition. Loin de dupliquer la rĂ©alitĂ© ou dâen conserver une trace objective, ils attachent Ă prouver que câest au moyen de lâillusion que sâopĂšre une certaine forme de vĂ©ritĂ©. Andreas Gursky, The 99 Cent II 1999. Andreas Gursky produit des images sous la forme de sĂ©ries donnant le vertige. Quâil sâagisse de foules humaines foisonnantes, dâobjets prĂ©sentĂ©s de façon dĂ©multipliĂ©e, dâimages rĂ©pĂ©tĂ©es et accolĂ©es les unes aux autres, tout semble dĂ©mesurĂ©, hors de proportion. Les modalitĂ©s de fabrication de ces images Ă caractĂšre souvent illusoire dâun rĂ©el figĂ© et dĂ©coupĂ© de façon systĂ©matique sâeffectuent Ă lâaide de techniques de retouche par ordinateur, alternant effets de masse et aplats abstractisants. Il combine ainsi plusieurs photographies dâun mĂȘme objet prises dâendroits diffĂ©rents, donnant Ă voir une vue quâil serait impossible dâobserver dans la rĂ©alitĂ©. Alex HĂŒtte explore, quand Ă lui, lâarchitecture anonyme et les friches urbaines, jouant avec la frontalitĂ© des vues tout en accentuant le caractĂšre descriptif du mĂ©dium photographique. Lâimage quâil donne du monde paraĂźt figĂ©e et fausse. Elle est morcelĂ©e du fait de la sĂ©rialitĂ© des vues. Cernant les bĂątiments, ciselant les silhouettes, gommant des dĂ©tails qui perturbent la lecture de lâimage, lâartiste transforme, au moyen du numĂ©rique, ses vues en une fausse rĂ©alitĂ©, oĂč tout serait ordonnĂ©. Thomas Demand, Desk 1994. Chez Thomas Demand, dâautres moyens de jouer avec les vĂ©ritĂ©s et les mensonges de lâimage sont Ă lâĆuvre dans des espaces soigneusement Ă©laborĂ©s sous forme de maquettes en carton et papier Ă lâĂ©chelle 1 1, qui sont ensuite photographiĂ©es pour reproduire des lieux de la vie quotidienne, comme sâil sâagissait dâespaces rĂ©els. Lâartiste sâacharne Ă façonner une rĂ©alitĂ© et Ă tromper le spectateur, tout en sâamusant simultanĂ©ment, par le biais dâindices, de failles et de lĂ©gĂšres imperfections, Ă rendre perceptible cette duperie. Demand rĂ©vĂšle ainsi son travail de maquettiste dans de faux trompe-lâĆil qui redoublent le jeu de lâillusion perceptive et piĂšge le regard. A lâinverse des photographes utilisant le numĂ©rique, un artiste comme Bernard VoĂŻta joue de la nature artificielle et trompeuse de la photographie pour composer des espaces illusionnistes travaillĂ©s sur diffĂ©rents plans de lâespace avec une multitude dâobjets et sans montages, ni retouches dans le rĂ©sultat final. Quand Ă Philippe Ramette, il utilise des trucages physiques cachĂ©s ProthĂšses-sculptures pour donner Ă ses photos des effets dâĂ©quilibres impossibles qui dĂ©fient les lois de la gravitĂ© et de la logique. Philippe Ramette. Promenade irrationnelle, exploration rationnelle des fonds sous-marins 2006. Quâil sâagisse de jouer avec la notion dâillusion ou de faire transparaĂźtre des indices tĂ©moignant dâune tromperie, lâimage photographique vise souvent Ă mettre Ă mal lâattitude du spectateur envers ce quâil contemple. Lâart contemporain Lâart contemporain aprĂšs 1945 aura vu se dĂ©velopper des courants artistiques basĂ©s essentiellement sur lâillusion du volume et lâesthĂ©tique du mouvement, comme lâart optique et lâart cinĂ©tique dans les annĂ©es 1950 et 1960. En 1951, les premiĂšres Ćuvres optiques sont basĂ©es sur le contraste entre le noir et le blanc. Câest la persistance rĂ©tinienne qui donne naissance Ă une illusion dâoptique ou de mouvement dans lâĆuvre. Victor Vasarely est considĂ©rĂ© comme le pĂšre de lâart optique et cinĂ©tique quâil thĂ©orisera dans son Manifeste jaune en 1955 oĂč il jette les bases de la plastique cinĂ©tique et annonce une nouvelle Ăšre artistique oĂč les notions de mouvement, dâinstabilitĂ© et de transformation sont au centre du dispositif. Le mouvement repose uniquement sur des phĂ©nomĂšnes optiques, la lumiĂšre et le dĂ©placement du spectateur face aux Ćuvres. LâapprĂ©hension par le regard est le seul crĂ©ateur de lâĆuvre. Victor Vasarely, Vega 201 1968. TrĂšs vite, Vasarely invente ses propres codes, oĂč le dialogue entre la couleur et la forme dĂ©finit une sĂ©mantique gĂ©omĂ©trique. Il joue avec les effets optiques qui sont autant de mise en garde sur les divergences, qui trahissent aussi la rĂ©alitĂ© dâun monde incertain ». Il part du fait que notre perception traite spontanĂ©ment les phĂ©nomĂšnes de façon structurĂ©e ; il est donc aisĂ© de lui jouer des tours ! Il fonde son message et lâefficacitĂ© de son art sur une condition universelle la condition humaine perceptuelle. Fondation Vasarely. Aix-en-Provence 1976. Nous pouvons avoir un aperçu du gĂ©nie crĂ©ateur de Vasarely en visitant sa Fondation Ă Aix-en-Provence, ouverte en 1976, vĂ©ritable chef-dâĆuvre et point dâorgue dâune vie de recherche et dâexpĂ©rimentation qui concrĂ©tise ses idĂ©es sur lâintĂ©gration de lâart dans la citĂ©. Cette cathĂ©drale visuelle composĂ©e de 16 cubes juxtaposĂ©s formant un ensemble de 90m de long, 45m de large et 12m de haut intĂšgre 44 Ćuvres monumentales en aluminium, tapisserie, verre, Ă©mail, cĂ©ramique⊠Un voyage immersif extraordinaire dans ce lieu expĂ©rimental de recherches tournĂ© vers lâavenir ! Non seulement lâart cinĂ©tique tient compte du fait que le spectateur construit sa vision par la vision stĂ©rĂ©oscopique des deux yeux et le balayage constant du champ visuel, mais joue, en plus, avec cet aspect actif de la vision, notamment en cherchant toutes les conditions ambiguĂ«s qui font que cette vision ne peut se stabiliser sur une interprĂ©tation, mais est obligĂ©e dâosciller de lâune Ă lâautre. » Victor Vasarely Chef de file, Vasarely fera dĂ©couvrir au monde le travail de ses collĂšgues Julio Le Parc, Jesus-Rafael Soto, Jean Tinguely, Yaacov Agam, Robert Jacobsen, Bridget Riley, Pol Bury, JosĂ© Maria Yturralde et Nicolas Schöffer. Ce dernier faisant Ă©voluer lâart cinĂ©tique vers le cybernĂ©tique et lâinteractif avec ses sculptures-spectacles, mĂ©lange de théùtre dâombres et dâinstallation hypnotique. Câest Ă New York, en 1965, que le mouvement de lâart optique, ou op art, connut un dĂ©but de reconnaissance internationale avec lâexposition du MoMA intitulĂ©e The responsive eye. Les tableaux avaient des surfaces illusionnistes qui dĂ©clenchaient des rĂ©actions visuelles extraordinaires chez le spectateur. Abstractions perceptuelles, ambiguĂŻtĂ©s spatiales et sensations de mouvements Ă©taient engendrĂ©es par divers procĂ©dĂ©s, dont la manipulation de dessins gĂ©omĂ©triques et la juxtaposition de couleurs intenses. Yaacov Agam, Salon Agam 1972-1974. Jesus-Rafael Soto, Double Progression Bleue et noire 1975. Le miroir sera un matĂ©riau de prĂ©dilection pour les artistes cinĂ©tiques comme Christian Megert, Dan Graham, Larry Bell, pour renverser les rĂŽles et les horizons dâattente du spectateur. Aujourdâhui, Timo Nasseri, Anish Kapoor, Jeppe Hein, Leandro Erlich, Daniel Buren continuent dâexpĂ©rimenter les multiples possibilitĂ©s du miroir dans sa tradition de rĂ©flexion et de transparence. Christian Megert, Environment Documenta 4, 1968. Dan Graham, Square Bisected by Curve 2008. LâhyperrĂ©alisme est la reproduction, neutre et objective, Ă lâidentique dâune image en peinture. Il prend ses racines dans la philosophie de Jean Baudrillard, la simulation de quelque chose qui nâa jamais vraiment existĂ© ». En tant que tel, les hyperrĂ©alistes crĂ©ent une fausse rĂ©alitĂ©, une illusion convaincante basĂ©e sur une simulation de la rĂ©alitĂ©. Les peintures et les sculptures hyperrĂ©alistes sont minutieusement dĂ©taillĂ©es pour crĂ©er lâillusion dâune rĂ©alitĂ© non vue dans la photo dâorigine. Don Eddy, Volkswagen and OK used Cars 1971. Ralph Goings, Still life with mirror 1981. Selon Hal Foster, lâimage hyperrĂ©aliste est une image trompeuse, mais elle nâest pas une simple tromperie. Elle est un subterfuge contre le rĂ©el qui ne sâengage pas Ă le pacifier, mais Ă le sceller derriĂšre la surface. LâhyperrĂ©alisme est comme accablĂ© par lâapparence. Il invite le spectateur Ă sâadonner, presque dâune maniĂšre schizophrĂšne, Ă sa surface. On regarde, au final, une image qui paraĂźt sâenfermer dans sa propre illusion. Le peintre Don Eddy sâaffirme dans les annĂ©es 1970 comme lâun des pionniers du photorĂ©alisme. Ses collĂšgues amĂ©ricains Richard Estes, Robert Bechtle, Ralph Goings, Richard McLean et Chuck Close, Dan Witz suivront le mouvement. En Europe, le grand peintre allemand Gerhard Richter sâessayera Ă lâhyperrĂ©alisme, tout comme son compatriote RenĂ© Wirths. Duane Hanson, Supermarket Lady 1969. Le prĂ©curseur Duane Hanson, puis ensuite John de Andrea, Jacques Verduyn, Evan Penny et Ron Mueck sont les reprĂ©sentants les plus cĂ©lĂšbres de la sculpture hyperrĂ©aliste. Duane Hanson 1925-1996 a commencĂ© Ă introduire des reprĂ©sentations humaines dans son travail dĂšs les annĂ©es 1960, reprenant une certaine tradition des dioramas humains avec un message acide sur la sociĂ©tĂ© de consommation amĂ©ricaine, comme le racisme ou la pauvretĂ© remettant en cause lâamerican way of life. Ron Mueck, lui, nâhĂ©site pas Ă travailler les dĂ©tails et lâĂ©chelle pour jouer sur lâambiguĂŻtĂ© et le malaise face Ă lâĆuvre. Les sculptures dâombres Telle quâelle a Ă©tĂ© formulĂ©e depuis Platon, lâombre est avant tout considĂ©rĂ©e comme un simulacre, une chose opaque, indigne de confiance et Ă©loignĂ©e de la vĂ©ritĂ©. Lâombre est un prĂ©cieux instrument de connaissance et de savoir qui se retrouve dans la cĂ©lĂšbre allĂ©gorie de la caverne qui jalonnera toute lâhistoire de la philosophie occidentale. Quel est donc le degrĂ© de vĂ©ritĂ© des ombres ? De nombreux artistes utilisent lâombre dans leur crĂ©ation artistique pour son pouvoir de dissimulation et dâillusion. Un des prĂ©curseurs de ce dispositif est Laszlo Moholy-Nagy avec son Modulateur espace-lumiĂšre rĂ©alisĂ© entre 1922 et 1930. Dans les annĂ©es 1960, une sĂ©rie dâĆuvres cinĂ©tiques utilisera la lumiĂšre et le mouvement comme des Ă©lĂ©ments essentiels. Mac Adams, Rabbit 2000. Câest ensuite dans les annĂ©es 1980 quâapparaitront les sculptures dâombres. A lâĂ©poque, Christian Boltanski et Mac Adams ont commencĂ© Ă explorer les potentialitĂ©s du mĂ©dium photographique dans lâespace par lâusage de lâombre projetĂ©s. Dans les sculptures dâombres, lâombre est un matĂ©riau Ă part entiĂšre. Ces installations sont construites selon un dispositif de projection, composĂ© dâun projecteur lumineux spot, vidĂ©oprojecteur et dâun Ă©cran mur, sol, toile⊠sur lequel apparaĂźt lâimage-ombre, fixe ou en mouvement, invariablement créée par lâinterception de la lumiĂšre par un objet central. Les sculptures dâombres conservent une certaine puissance enchanteresse des dispositifs du prĂ©-cinĂ©ma quâelles rĂ©activent. Shigeo Fukuda, One cannot cut the sea 1988. Tim Noble et Sue Webster, Dirty White Trash with Gulls 1998. Kumi Yamashita, Child 2011. Contrairement aux sculptures lumino-cinĂ©tiques, qui sont exclusivement abstraites, les sculptures dâombres projettent des images invariablement figuratives comme dans les Ćuvres de Mounir Fatmi, Badr El Hammami, Shigeo Fukuda, Diet Wiegman, Kumi Yamashita, Fred Eerdekens ou Tim Noble et Sue Webster. Le Street art Lâart hurbain qui prend ses racines dans les annĂ©es 1960 avec des artistes comme Allan Kaprow, Victor Vasarely ou Calder, se dĂ©veloppe rĂ©ellement dans la dĂ©cennie suivante avec des initiatives individuelles utilisant diffĂ©rentes techniques pour un rĂ©sultat souvent Ă©phĂ©mĂšre. La pratique du trompe-lâĆil est une des plus reprĂ©sentatives du street art. Bansky. Plusieurs artistes investissent les murs des villes pour y créé diffĂ©rents trompe-lâĆil utilisant diffĂ©rentes techniques comme le graffiti et le pochoir avec Bansky ou le dessin, la peinture et la sĂ©rigraphie sur papier avec Ernest Pignon-Ernest ou la photographie avec Joshua Callaghan. Ernest Pignon-Ernest, LavandiĂšre Naples, 1988. Dâautres artistes sont adeptes de la sculpture comme celle de taille humaine de Mark Jenkins, inquiĂ©tantes et dĂ©rangeantes, quâil dissĂ©mine dans lâespace public et qui trahissent la solitude produite par la sociĂ©tĂ© moderne. Le photographe, vidĂ©aste et sculpteur Cayetano Ferrer utilise un camouflage photographique trĂšs Ă©laborĂ© pour rendre les objets invisibles. Le chinois Liu Bolin se sert de son propre corps pour traduire ses engagements. Tel un camĂ©lĂ©on, il se fond dans les rayons dâun supermarchĂ© ou se camoufle dans le drapeau chinois, dĂ©nonçant ainsi la dilution de lâindividu dans lâidentitĂ© collective et la soumission aux diktats du consumĂ©risme. Cayetano Ferrer, Western import Kadoya brand 2007 Liu Bolin. Hiding in the city, Water Crisis 2013. La fresque en trompe-lâĆil tire ses origines de la Rome antique et se retrouvera au fil des siĂšcles sur les façades des maisons comme Ă Camogli, en Italie, au XVIIe. A la fin des annĂ©es 1970, le trompe-lâĆil devient monumental avec les muralistes qui parent les villes dâĆuvres XXL pour les embellir. Fleurissent alors des fresques murales Ă tous les coins de rue avec pour motif principal les fausses fenĂȘtres. Aux Etats-Unis, Richard Haas renoue avec la tradition dĂ©corative et rĂ©alise en 1978 lâun de ses chefs-dâĆuvre sur le Consolidated Edison Building Ă New York. Sur brique ou bĂ©ton, ses Ă©difices factices cĂ©lĂšbrent la puissance et la modernitĂ© de la nation amĂ©ricaine. En France, Fabio Rieti rĂ©alise de troublantes illusions oniriques. Richard Haas. Homage to Cincinnatus, Brotherhood Building, Kroger Company, Cincinnati 1983. Fabio Rieti. Lâescalier, rue Etienne Marcel-Turbigo Ă Paris 1989. Façade en trompe-lâĆil. Pignon de lâimmeuble situĂ© sur lâesplanade Pompidou, quai des Etats-Unis Ă Nice rĂ©alisĂ© par la sociĂ©tĂ© AD Affresco 2014. La tradition du trompe-lâĆil Ă Nice vient de lâinfluence gĂ©noise. En effet Ă GĂšnes, nous retrouvons beaucoup de dĂ©cors peints. Ils rĂ©organisent une façade et servent de pansements Ă lâarchitecture. A partir des annĂ©es 1980, plusieurs peintres illusionnistes et Ă©phĂ©mĂšres fleurissent sous le regard subjuguĂ© des passants. Ils nâinterviennent plus sur les murs et les façades mais directement au sol sur le bĂȘton et autres pavements en appliquant la technique de projection en anamorphose. A lâaide de craies ou de pastels, jaillissent des citĂ©s enfouies, des gouffres qui donnent le vertige. GrĂące Ă la technique de lâanamorphose, lâeffet produit nous fait basculer dans la troisiĂšme dimension. Kurt Wenner, Reflections 2007. Kurt Wenner, Alpha renaissance. Le pionnier du trompe-lâĆil au sol est lâamĂ©ricain autodidacte Kurt Wenner. Il sâest formĂ© auprĂšs des grands maĂźtres et en 1982 part Ă travers lâEurope dĂ©couvrir et observer les chefs-dâĆuvre de la Renaissance italienne Giotto, Michel-Ange et Tiepolo, scrutant les lignes de fuite. Câest pour financer ses voyages quâil se met Ă dessiner sur le plancher des capitales oĂč il fait Ă©tape. En crĂ©ant en directe devant la foule, il fait de ce spectacle de rue une vĂ©ritable performance artistique. GrĂące Ă lui, cette discipline a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e au rang dâart sacrĂ© » en 1991, Ă lâoccasion dâune commande pour la venue du Pape Jean-Paul II Ă Mantoue. Edgar MĂŒller, The cave 2008. Manfred Stader, Skip navigation 2014. Dâautres artistes ont suivis le mouvement comme lâanglais Julian Beever, les allemands Edgar MĂŒller et Manfred Stader ou encore 3D Joe&Max qui jouent aussi sur lâinteraction entre lâĆuvre et le public. Avec lâarrivĂ©e des nouvelles technologies numĂ©riques, les possibilitĂ©s du trompe-lâĆil se dĂ©veloppe Ă grande Ă©chelle, comme par exemple en 2013 avec lâanamorphiste français François AbĂ©lanet qui rĂ©alise Trucks de Ouf, la plus grande anamorphose imprimĂ©e au monde 5000 m2 installĂ©e place Bellecour Ă Lyon et commanditĂ©e par Renault. De son cĂŽtĂ© lâartiste photographe JR a fait disparaĂźtre » la pyramide du Louvre, en 2016, en la recouvrant dâun collage dâimages marouflĂ©es reprĂ©sentant en noir et blanc la façade Sully du musĂ©e quâelle cache. Lâartiste a confiĂ© la rĂ©alisation de cette Ćuvre Ă JC Decaux Artvertising, spĂ©cialiste du format XXL et Prismaflex International pour un rĂ©sultat confondant. François AbĂ©lanet, Trucks de Ouf Lyon, 2013. JR & Liu Bollin. Pyramide du Louvre, Paris juin 2016. Il est de plus en plus frĂ©quent de voir des monuments recouverts de bĂąches imprimĂ©es lors de travaux de rĂ©novations. Ce cache misĂšre ou subterfuge, permet de dissimuler les Ă©chafaudages tout en donnant lâillusion dâun bĂątiment intact. Certains plasticiens dĂ©tournent de façon judicieuse ce procĂ©dĂ© Ă des fins artistiques comme Pierre Delavie qui kidnappe » les façades de plusieurs Ă©difices historiques pour les recouvrir de photomontages qui dĂ©structure ou dĂ©forme lâarchitecture. Pierre Delavie, Grand Palais 2014. Pierre Delavie, Immeuble dĂ©formĂ© 2007-2008. Le mapping vidĂ©o mapping 3D est une technique qui permet de projeter des images sur des volumes en jouant avec leur relief. Son origine remonte en 1969 lorsque Disneyland rĂ©alise des projections sur des objets 3D pour lâattraction Haunted Mansion. Dans les annĂ©es 1980, lâartiste Michael Naimark filme des personnes interagissant avec des objets dans une salle de sĂ©jour, puis les projettent dans la salle vide crĂ©ant lâillusion que les personnes interagissent avec les objets. Ă partir de 2001, de plus en plus dâartistes commencent Ă utiliser le mapping vidĂ©o pour la crĂ©ation dâĆuvre ou pour de grosses compagnies. Parc Disneyland, Haunted Mansion 1969. Quâelle soit sur une façade ou un bĂątiment, la projection joue sur lâillusion optique entre le relief rĂ©el et sa seconde peau virtuelle. Elle augmente et sublime lâobjet ou lâarchitecture quâelle Ă©claire. FĂȘte des lumiĂšres. Théùtre des cĂ©lestins de Lyon 2010. Le Diable enchanteur. Projection lumineuse, magique et musicale sur la façade de la Maison de la Magie Ă Blois. Conception artistique et technique Full Media Concept / Marc Dossetto 1er et 2 juin 2018. Ces illusions dâoptiques sont créées grĂące Ă des techniques de masquage de certaines zones de la surface-Ă©cran et de mise en valeur dâautres zones grĂące Ă de trĂšs puissants faisceaux lumineux. Les images colorĂ©es ou en trompe-lâĆil peuvent transformer ce qui est rĂ©el par des illusions aux possibilitĂ©s infinies. Animation de mouvements en 3D relief, colorisations, vidĂ©o dynamique, illusions dâoptiques, RĂ©alitĂ© AugmentĂ©e⊠Les effets sont illimitĂ©s et misent au service dâune Ă©criture poĂ©tique, historique ou fantastique. Lâarchitecture contemporaine est friande de techniques illusoires pour transformer la perception dâun bĂątiment en utilisant le trompe-lâĆil, lâillusion dâoptique, le miroir, la rĂ©flexion ou la construction impossible. Ashton Raggatt McDougall. Australian Customs Service Melbourne, 2006. Application du fameux CafĂ© wall illusion de Richard Gregory créé en 1973, dont le prĂ©curseur est Hugo MĂŒnsterberg avec son shifted-chessboard illusion datant de 1897. Pickard Chilton et Everton Oglesby. Pinnacle at Symphony Place Nashville, 2007. MVRDV / Winy Maas, Jacob van Rijs et Nathalie de Vries. Baltyk Building PoznaĆ, 2011. Le magicien dans lâart On ne compte plus les artistes qui ont reprĂ©sentĂ© des magiciens dans leur Ćuvre. Quâils soient escamoteur, sorcier ou prestidigitateur, on les retrouve notamment chez JĂ©rĂŽme Bosch ou Pieter Brueghel et dans un grand nombre de gravures mĂ©diĂ©vales. Pieter Bruegel, La chute du magicien Hermogene dĂ©tail de la gravure, 1565. Georges de La Tour, Le tricheur Ă lâas de carreau dĂ©tail, 1636-1638. Lâun des accessoires symboliques du magicien comme les cartes Ă jouer sont trĂšs prĂ©sentes dans les reprĂ©sentations picturales dĂšs le XVIe siĂšcle avec les fameux Tricheurs 1594 du Caravage ; suivront dâautres parties de cartes » sous les pinceaux de Georges De La Tour, Jean Baptiste Chardin, CĂ©zanne, Pablo Picasso, Otto Dix, Botero, Fernand Leger⊠Lâescamoteur 1475-1505 de JĂ©rĂŽme Bosch reprĂ©sentĂ© sur le tableau exĂ©cute devant une assemblĂ©e de spectateurs ce qui est reconnu comme Ă©tant le plus vieux tour de magie de lâhistoire, celui des gobelets. Conclusion Toute illusion nâexiste que par lâinterprĂ©tation du public. Câest un processus Ă©minemment subjectif qui est Ă lâĆuvre entre lâĂ©metteur lâĆuvre et le rĂ©cepteur le regardeur. MĂȘme si lâillusion est provoquĂ©e par des techniques prĂ©cises et ciblĂ©es, la finalitĂ© sera diffĂ©rente dâun individu Ă un autre. Câest le propre de lâart que de susciter des rĂ©actions divergentes, voire contradictoires et de provoquer le questionnement et le dĂ©bat. Chacun est libre dâinterprĂ©ter ce quâil voit, de lui donner de lâimportance ou de passer son chemin. Vik Muniz, Toy Soldier 2003. Dans Lâart et Lâillusion, son formidable essai sur lâexploration de lâhistoire et de la psychologie de la reprĂ©sentation artistique, lâhistorien Ernst Gombrich 1909-2001 examine, interroge et redĂ©finit la notion dâimitation de la nature, le rĂŽle de la tradition, le problĂšme de lâabstraction, le bien-fondĂ© de la perspective et lâinterprĂ©tation de lâexpression artistique. Pour lui, tout art est tromperie et il met le spectateur-regardeur au centre de la conceptualisation de lâĆuvre dâart ; il pose la question de lâobjectivitĂ© et de la subjectivitĂ© par le phĂ©nomĂšne de la projection », insĂ©parable de toute illusion artistique, qui reproduit et imite dans notre mental des formes familiĂšres Ă partir dâautres qui ne le sont pas. Ainsi, nous pouvons voir dans ces espaces vides des objets qui nây sont pas, des imitations des images mentales. Comme le magicien place au centre de son numĂ©ro le spectateur pour mieux le cueillir, par un tour dâesprit, lâĆuvre est interprĂ©tĂ©e par le regardeur de façon psychologique. Pour mieux apprĂ©hender et comprendre le rĂ©el, câest souvent par lâartifice que lâon touche Ă la rĂ©alitĂ© et Ă la vĂ©ritĂ© des choses. Bibliographie sĂ©lective 1 â Histoire de lâart dâErnst Hans Gombrich Editions Phaidon, 2001. PremiĂšre parution 1950 â Perspective et histoire au Quattrocento de Giulio Carlo Argan et Rudolf Wittkower Editions de la passion, 1990 â Les perspectives dĂ©pravĂ©es, Tomes 1 et 2 de Jurgis Baltrusaitis Editions Flammarion, 2008. PremiĂšre parution 1955 â La Haute Renaissance et le ManiĂ©risme de Linda Murray Editions Thames and Hudson, 1995 â Lâillusion Baroque de FrĂ©dĂ©ric Dassas Editions DĂ©couvertes Gallimard, 1999 â DâArtifices en Ă©difices de Jean Starobinski Editions le 7Ăšme fou, 1985 â Dynamo Un siĂšcle de lumiĂšre et de mouvement dans lâart 1913-2013 de Serge Lemoine, Matthieu Poirier, Marianne Lemoine, Domitille dâOrgeval, Pascal Rousseau et Markus BrĂŒderlin Editions des MusĂ©es Nationaux, 2013 â Une image peut en cacher une autre de Jean-Hubert Martin Editions des MusĂ©es Nationaux, 2009 â Op Art de Martina Weinhart, Max Hollein et Schirn Kunsthalle Frankfurt Editions Schirn Kunsthalle, 2007 â Le Champs des illusions de Michel Onfray et Philippe Piguet Editions Centre dâArt de Tanlay, 1998 â Felice Varini Points de vue de Fabiola Lopez-Duran Editions Lars Muller, 2004 â Lâart de lâillusion de Terry Stickels et Brad Honeycutt Editions Hugo Images, 2013 â Richard Haas An Architecture of Illusion Editions Rizzoli, 1981 â Le musĂ©e impossible et le musĂ©e des illusions de CĂ©line Delavaux Editions Renaissance Du Livre, 2015 â Tous les secrets des illusions dâoptique de Philippe Socrate Editions Eyrolles, 2017 Bibliographie sĂ©lective 2 â La RĂ©publique de Platon Editions Flammarion, 2002 â Psychologie de la forme de W. Köhler Editions Gallimard, 1929 â Lâart et lâillusion Psychologie de la reprĂ©sentation picturale de Ernst Hans Gombrich Editions Phaidon, 2002. PremiĂšre parution 1971 â Les ruses de lâintelligence la mĂštis des Grecs de Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne Editions Flammarion, 2009. PremiĂšre parution 1974 â Le rĂ©el et son double de ClĂ©ment Rosset Editions Gallimard, 1976 â Le rĂ©el, traitĂ© de lâidiotie de ClĂ©ment Rosset Editions de minuit, 1977 â De la sĂ©duction de Jean Baudrillard Editions Gallimard, 1988. PremiĂšre parution 1979 â LâArtifice de Guy Scarpetta Editions Grasset, 1988 â LâĆil qui pense Visions, illusions, perceptions de Roger N. Shepard Editions Le Seuil, 1990 â La science des illusions de Jacques Ninio Editions Odile Jacob, 1998 â Lâimage trompeuse de Florence Bancaud Editions Presses Universitaires de Provence, 2016 Note de la rĂ©daction Cet article a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© Ă lâoccassion de lâexposition dâart magique La Galerie des illusions pour les 20 ans de la Maison de la Magie Ă Blois en 2018. Il a ensuite Ă©tĂ© augmentĂ© suivant les pĂ©riodes artistiques. Tous les documents et archives sont proposĂ©s sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirĂ©s.
WuY7XK. 32 11 465 482 347 124 76 349 495